Les vieux cartons de

LE TORRENT DU CHARMAIX Sauf mention contraire, les vues de la catastrophe de juillet 1906 sont des reproductions de cartes postales issues de collections privées. Les photographies de 1920 et 1955 sont des clichés SNCF, collection G. JENNY Cliquez sur une photo pour l'agrandir (avec Javascript) ou cliquez sur (sans Javascript)

Méfiez-vous de l'eau qui dort ! Ce dicton s'applique très bien à de nos nombreux torrents alpins qui parfois semblent bien ridicules mais qui, en quelques instants, peuvent se transformer en un flot dévastateur que rien ni personne n'arrête. Photo LeCharmaix - Comment peut-on imaginer que cette image idyllique puisse se transformer en quelques heures en un affreux cauchemar ?

Il est à noter que depuis quelques années, le phénomène se produit aussi dans des régions peu montagneuses voire de plaines. Le torrent du Charmaix Celui que je vais vous présenter descend des hautes montagnes de Maurienne. Il se jette dans l'Arc sur le territoire de la commune de Fourneaux. Il se nomme le torrent du Charmaix. Dans l'histoire, ce capricieux voisin semble avoir déjà provoqué de gros soucis aux habitants ainsi qu'aux responsables des infrastructures de transport dont bien sûr la Compagnie du PLM. Grâce à l'invention de la photographie, ses dernières grosses colères sont encore visibles et sont conservées précieusement.

La crue spectaculaire du 23 juillet 1906 La crue catastrophique du 23 juillet 1906 qui ravage le hameau de Fourneaux fait l'objet de toute une série de cartes postales qui seront éditées par des photographes locaux et régionaux. Grâce à ces clichés, on peut mesurer l'ampleur de cette inondation et le volume des déblais et roches transportés. Georges JENNY, novembre 2012

Cette vue d'ensemble de Fourneaux permet de situer l'emplacement des images suivantes.

1- le pont routier qui permet de franchir la voie ferrée. 2- la caserne des Douanes Françaises. 3- l'emplacement du pont-rail sur le torrent du Charmaix. 4- la remise annulaire du dépôt de Modane. 5- les halles marchandises import et export. 6- la gare de Modane. 7- l'entrée du tunnel du Fréjus. 8- l'ancien tracé vers le portail monumental. Au-dessous et jusqu'au pied du dépôt, les déblais provenant du creusement du tunnel depuis la galerie rectiligne.

Sur ces deux vues, on peut juger de la puissance du flot dévastateur ainsi que la masse de roches et déblais divers transportés en dehors du lit du torrent...	... à travers les rues de l'agglomération de Fourneaux à la suite de la rupture d'une digue en amont. Plusieurs maisons du village sont détruites et d'autres endommagées.	Le lit du torrent passe derrière le dépôt et ensuite sous le pont rail avant de continuer en ligne droite vers l'Arc. Le lit du torrent est rapidement comblé par les roches et les boues. Le pont rail fait barrage et il est vite submergé. La boue s'amoncelle et pulvérise les vitres de la remise. On y retrouvera une locomotive de type 230 enterrée jusqu'au niveau supérieur de son tablier.
Le flot descend la rue principale de Fourneaux, passe sur le pont routier et se déverse aussi de chaque côtés dans la tranchée ferroviaire.	La première priorité pour les habitants et secouristes est de déblayer la rue principale afin de coordonner au mieux les secours.	Une vue des travaux de déblaiement de la tranchée ferroviaire permettant de rejoindre la gare de Modane. A l'arrière-plan, la toiture de la caserne des Douanes Françaises.
	Les travaux de remise en état et de reconstruction sont terminés. Le torrent du Charmaix est à nouveau endigué. Le nouveau pont ferroviaire est en service. A gauche, on reconnaît la caserne des Douanes Françaises. Qui ose encore penser que tout peut encore recommencer ?
	Lors de mes recherches de photographies afin d'illustrer mon évocation sur les inondations de 1957 en Maurienne, j'ai trouvé des clichés visiblement mal classés. Après étude, ils concernent le débordement du torrent du Charmaix. Je vous laisse les découvrir dans le chapitre suivant. La crue du 24 septembre 1920
La crue du 24 septembre 1920Nous sommes petits par rapport à la nature. Tout recommence encore en ce 24 septembre 1920. Le torrent brise à nouveau ses digues, le pont ferroviaire ne fait barrage qu'à moitié, Fourneaux est à nouveau inondé à partir du passage à niveau n° 83.	L'importante crue du 7 juin 1955Cette vue permet de visualiser le hameau de Fourneaux ainsi que les installations ferroviaires dont le dépôt des locomotives situé près du pont sur le Charmaix.	Bien qu'encore puissant, le débit du Charmaix semble se stabiliser. Cette vue est prise près du pont rail sous les eaux en direction du hameau de Fourneaux.
	Trois vues des flots qui submergent le tablier du pont, la route et le passage à niveau n° 83. De là, l'inondation s'élargit en direction du bas de la ville afin de gagner naturellement le lit de l'Arc.
Les habitants hébétés viennent contempler l'ampleur des destructions au niveau des installations ferroviaires depuis le passage à niveau n° 83.	Deux vues presque identiques prises depuis la cabine du poste d'aiguillage. La 2CC2-3401 est prisonnière du limon tout comme le wagon de secours.	Sur le pont tournant, on distingue le dessus des planches de protection du 3ème rail latéral (pas de caténaires sur les voies du dépôt à l'époque).
Sous la pression de l'eau qui monte derrière la remise, les vitres de la partie allongée explosent...	... et les eaux limoneuses envahissent les installations du dépôt.	Le cuvelage du pont tournant est rempli et au plus fort de la crue, le pont lui-même est recouvert.
Sous la remise, on distingue l'avant du tablier d'une 1CC1-3700 ainsi que l'avant d'une 040 TB de manoeuvre.	La 1CC1-3700 bloquée sous la remise pour un certain temps.	La partie où l'eau limoneuse s'est engouffrée suite à la rupture des baies vitrées. Le niveau du limon atteint la planche supérieure de protection du 3ème rail.
A l'extérieur, le wagon de secours est lui aussi bloqué par la boue.	L'eau s'écoule ensuite sur les voies vapeur en direction de la gare.	Afin de rétablir au plus vite les circulations ferroviaires, un tablier provisoire est posé par-dessus l'ancien pont, sans même le déposer.
Les voies sont posées sur un petit remblai...	... et raccordées au tablier provisoire de chaque côté.	Une locomotive de type 141 F du dépôt de Chambéry teste l'ouvrage ainsi que les voies provisoires.
	Une fois le pont provisoire en service, les engins de chantier peuvent déblayer les gravats afin d'en extraire le tablier mis à mal par l'inondation. Les engins curent aussi le lit du Charmaix jusqu'à l'endroit où il se jette dans l'Arc.
Cette vue prise de l'arrière du dépôt montre bien l'épaisseur du limon qui a envahi les installations ferroviaires.	Pendant les travaux, de nombreux habitants de Fourneaux et Modane viennent regarder et commenter la marche du chantier.	Le lit du torrent du Charmaix a été rectifié et abaissé au maximum et son débit contenu entre de hautes digues en béton armé. Le pont ferroviaire a été reconstruit selon la technique dit des poutrelles enrobées. A ce jour, malgré quelques sautes d'humeur, il semble toujours calme mais jusqu'à quand ?